La dépendance affective se caractérise par une quête excessive de validation, d’approbation ou d’affection de la part des autres, souvent au détriment de son propre bien-être. Ce positionnement vis à vis de l’autre se manifeste dans la vie sentimentale mais aussi dans la vie amicale et professionnelle. Ce comportement peut être vu comme irrationnel par certains, d’autres peuvent profiter de ce dévouement gratuit pour combler leurs propres carences, d’autres encore aime jouer avec ces enjeux psychologiques et manipuler les femmes dépendantes affectives. On comprend très vite à quel point le mal-être ressenti et les enjeux relationnels nécessitent de sortir de cette dépendance à l’autre.
Vous pourrez faire un test pour savoir si vous êtes dépendante affective en bas de page. Ce test est proposé à titre informatif, il ne remplace pas l’élaboration que vous pourrez avoir en thérapie.
Qu’est ce que la dépendance affective ?
La dépendance affective est globalement un besoin d’exister et d’être aimée. Ce besoin peut se manifester discrètement, ou devenir une obsession influençant toute nos décisions. Au delà de vouloir partager de bons moments avec autrui, il s’agit de plusieurs enjeux. En voici quelques uns, nous pouvons manifesté une de ces caractéristiques relationnelles ou plusieurs :
Le besoin d’attention et d’affection
Les personnes souffrant de dépendance affective recherchent constamment l’attention, l’amour ou la reconnaissance des autres. Cette quête affective peut être le résultat d’un manque d’affection ou de validation durant l’enfance, ou lors d’autres expériences relationnelles traumatisantes.
Manifestations concrètes :
- exiger constamment des preuves d’amour ou d’engagement,
- se sentir malheureuse ou anxieuse lorsqu’on ne reçoit pas assez d’attention,
- avoir tendance à idéaliser les gens qui nous accordent de l’attention, même si ces relations sont déséquilibrées.
Fausse croyance inconsciente : Si je reçois suffisamment d’attention et d’amour aujourd’hui, cela comblera ce vide ancien.
Malheureusement, recevoir aujourd’hui l’inverse de ce dont nous avons manqué hier, ne comble pas le vide ancien.
La peur de l’abandon et du rejet
La peur d’être abandonnée ou rejetée devient une préoccupation centrale dans les interactions avec notre partenaire. Cette angoisse est souvent irrationnelle, mais elle pèse lourd sur chacun et influence nos comportements.
Cette peur est souvent enracinée dans des expériences passées, telles que des pertes importantes (décès, séparation) ou des situations où la personne a été rejetée ou négligée. Elle peut également être liée à un attachement insécurisé développé pendant l’enfance.
Manifestations concrètes :
- adopter des comportements de contrôle pour « retenir » l’autre (par exemple surveiller les faits et gestes de son partenaire, s’inquiéter constamment de sa fidélité),
- accepter des relations toxiques ou déséquilibrées simplement pour éviter d’être seule,
- ressentir une angoisse intense face à des signes mineurs d’éloignement (par exemple la réponse à un message qui se fait attendre).
Fausse croyance inconsciente : Si je ne retiens pas l’autre, c’est sur, il/elle partira.
Plus on essaie de contrôler notre partenaire plus cela provoque son éloignement et parfois son départ.

« Se libérer de la dépendance, c’est apprendre à remplacer l’amour des autres par l’amour de soi. »
Guy Corneau
Le manque d’estime de soi
Les personnes souffrant de dépendance affective ont souvent une faible estime personnelle, c’est-à-dire qu’elles ne se perçoivent pas comme dignes d’amour ou de respect. Elles cherchent donc à combler ce manque en étant validées par leurs relations amoureuses, amicales ou familiales.
Le manque d’estime de soi peut être lié à des expériences négatives comme des critiques répétées, des humiliations ou des attentes irréalistes imposées par l’entourage. Nous finissons par intérioriser ces messages négatifs et croire que nous ne sommes pas assez bien.
Manifestations concrètes :
- s’efforcer constamment de plaire aux autres pour obtenir leur approbation,
- minimiser ses propres besoins ou opinions pour éviter tout conflit,
- se sentir coupable ou indigne lorsque l’on reçoit des compliments ou de la reconnaissance.
Fausse croyance inconsciente : Je ne me sens importante et considérée que si je reçois la reconnaissance de mon/ma partenaire.
A force de nous suradapter, nous perdons de notre présence et de notre identité, nous pouvons donc devenir transparente aux yeux de l’autre.
L’oubli de soi
Pour maintenir une relation ou pour plaire à l’autre, nous pouvons progressivement renoncer à nos propres besoins, nos désirs et nos valeurs. Tellement absorbée par la relation nous perdons de vue qui nous sommes vraiment.
Cette perte d’identité découle souvent de la croyance que le bonheur et la satisfaction viennent uniquement de l’extérieur, et non de soi-même. La personne sacrifie alors ses propres aspirations pour maintenir le lien avec l’autre.
Manifestations concrètes :
- abandonner ses passions, ses loisirs ou ses projets personnels pour se concentrer uniquement sur la relation ou sur le bonheur de l’autre,
- adopter les opinions, les goûts ou les valeurs de l’autre pour lui ressembler davantage,
- ne plus savoir ce que l’on veut vraiment dans la vie, car on s’est trop longtemps adaptée aux attentes de l’autre.
Fausse croyance inconsciente : Cette relation fusionnelle montre que notre amour est beau.
La fusion n’est qu’une perte de soi, cela ne dit rien de la qualité relationnelle, prendre vraiment sa place est légitime et nourrit le lien.

« Apprendre à être seule, c’est apprendre à être libre. »
Paulo Coelho
La peur de la solitude
Pour une personne dépendante affectivement, la solitude est perçue comme une menace insupportable, car elle amplifie le sentiment de vide ou d’inutilité. Nous sommes alors capable de tout faire pour éviter d’être seule, quitte à rester dans des relations malsaines.
La solitude est associée à un sentiment d’isolement émotionnel, qui renforce la douleur du vide intérieur. Comme nous n’avons pas appris à puiser en nous même pour trouver un équilibre émotionnel, nous dépendons entièrement des autres pour nous sentir complète.
Manifestations concrètes :
- entrer dans des relations précipitamment après une rupture pour éviter d’être seule,
- rester dans des relations toxiques ou abusives parce que cela vaut mieux que d’être seule,
- ressentir une angoisse intense ou une tristesse profonde lorsqu’on est seule, même pour de courtes périodes.
Fausse croyance inconsciente : Je suis toute seule au monde si je suis seule. J’ai besoin d’être utile, voire indispensable et d’avoir quelqu’un à mes côtés.
Nous sommes entières quand nous avons identifié et valorisons nos compétences, nos qualités, nos atouts. Nous n’avons pas besoin de trouver notre autre moitié, mais nous pouvons avoir envie de la présence d’un/une partenaire.
Le déséquilibre émotionnel
L’état émotionnel de la personne dépendante affective est influencé presque entièrement par la présence et le comportement de l’autre. Toute fluctuation dans la relation (conflits, désaccord, intérêt, affection, doute, distance) provoque une instabilité émotionnelle importante qu’on ne peut pas raisonner.
Nous accordons une importance excessive à la relation, au point que notre propre bien-être est directement lié à l’état de celle-ci. Nous ne parvenons pas à maintenir un équilibre émotionnel propre, cela peut s’apparenter à l’hypersensibilité.
Manifestations concrètes :
- ressentir une détresse émotionnelle intense en cas de dispute ou de silence de la part de l’autre,
- s’inquiéter de tout changement, réel ou interprété, dans le comportement de l’autre comme un signe de rejet ou d’abandon,
- passer d’un état de bonheur extrême à un état de désespoir profond en fonction des fluctuations de la relation.
Fausse croyance inconsciente : Je deviens la relation car je n’existe pas assez pour y apporter quelque chose.
C’est grâce au développement de notre intelligence émotionnelle que nous alimentons la qualité du lien en conscience.
Ces caractéristiques principales montrent que la dépendance affective est un cercle vicieux où l’on cherche à combler un vide intérieur en s’adaptant de manière excessive aux autres. Cependant, cette dynamique crée des relations déséquilibrées, amplifie les souffrances émotionnelles et nous empêche de nous connecter à nous-même. Chacun de ces aspects est interconnecté : le manque d’estime de soi alimente la peur de l’abandon, qui engendre une dépendance émotionnelle disproportionnée, et ainsi de suite.
En conclusion
1.Recevoir beaucoup d’amour et d’attention aujourd’hui ne guérira pas la carence affective du passé.
2.Chercher à prendre le contrôle de la relation pour éviter l’abandon ou le rejet peut provoquer l’éloignement de notre partenaire.
3.La suradaptation nous fait perdre notre identité et de l’intérêt aux yeux de notre conjoint.e.
4.La relation fusionnelle n’est pas une belle histoire d’amour.
5.Nous ne nous sentons jamais esseulée quand nous connaissons nos atouts.
6.C’est notre intelligence émotionnelle qui nous guide dans la qualité relationnelle.
Suis-je dépendante affective ?
Peut-être vous êtes vous retrouvée dans certaines caractéristiques. Voulez vous faire un test ?
Ce test ne remplace pas l’élaboration que vous ferez en thérapie. Il s’agit de vous donner quelques indications pour entamer une réflexion, car la prise de conscience de notre fonctionnement relationnel et l’identification de nos blessures sont déjà le début du travail.
L’histoire de Sophie ou le besoin constant de validation
Le miroir brisé
Sophie avait toujours eu l’impression que son image n’était jamais assez belle, que ses efforts n’étaient jamais suffisants. Chaque matin, elle se levait avec une seule pensée en tête : « Que vont-ils penser de moi aujourd’hui ? » . Elle passait des heures à choisir la tenue parfaite, à vérifier que son maquillage était impeccable, et à préparer des phrases parfaitement calibrées pour ne pas froisser ses collègues ou ses amis.
Un jour, lors d’une réunion au travail, elle proposa une idée qu’elle pensait brillante. Mais personne ne réagit. Le silence qui suivit fut insoutenable. Sophie sentit son cœur se serrer. Ce n’était pas tant l’idée qui importait, mais le fait que personne ne lui ait dit « C’est génial ! » . Pendant des jours, elle ressassa cette scène, se demandant ce qu’elle avait fait de travers. Elle finit par envoyer un e-mail à ses collègues, cherchant désespérément un compliment ou une reconnaissance. Pour Sophie, chaque interaction était comme un miroir brisé : elle avait besoin que les autres reflètent une image positive d’elle-même pour se sentir entière.
L’histoire de Léa qui a peur d’être abandonnée
La lumière qui vacille
Léa aimait profondément Thomas, mais leur relation était souvent parsemée de petites disputes. Chaque fois qu’ils se disputaient, Léa sentait une vague d’angoisse monter en elle. Une simple phrase comme « Je dois travailler tard ce soir » suffisait à déclencher un torrent d’inquiétudes. Et si Thomas décidait de partir ? Et s’il rencontrait quelqu’un d’autre ?
Un soir, après une dispute particulièrement vive, Thomas décida de prendre un peu de distance pour réfléchir. Il envoya un message à Léa disant simplement : « Je vais faire un tour, j’ai besoin de calme. » Ces quelques mots plongèrent Léa dans une spirale de panique. Elle imagina le pire : il allait rompre, il ne reviendrait jamais. Elle l’appela sans relâche, envoyant des messages désespérés pour le supplier de revenir. Quand Thomas rentra quelques heures plus tard, il trouva Léa en larmes, épuisée par sa propre angoisse. Pour Léa, chaque séparation, même temporaire, était comme une lumière vacillante : elle avait peur que tout s’éteigne à jamais.
L’histoire de Julia qui manque d’autonomie émotionnelle
Le bateau sans gouvernail
Julia avait toujours été le genre de personne qui ajustait son humeur en fonction de celle des autres. Si ses amis étaient heureux, elle souriait. Si son compagnon semblait triste, elle se sentait immédiatement coupable, même si elle n’avait rien fait de mal. Julia n’avait jamais appris à naviguer seule dans ses émotions, elle se laissait porter par les courants des autres. Un week-end, son compagnon partit rendre visite à sa famille. Julia resta chez elle, espérant passer un moment relaxant. Mais dès qu’elle se retrouva seule, elle sentit un vide immense l’envahir. Elle essaya de regarder un film, mais son esprit vagabondait. Elle vérifia son téléphone toutes les cinq minutes, espérant un message de son partenaire. Sans lui pour lui dire comment se sentir, Julia se sentait comme un bateau sans gouvernail, incapable de trouver sa direction intérieure. Sa vie émotionnelle dépendait entièrement des autres.
L’histoire de Sarah, tolérante aux relations toxiques
Les chaines invisibles
Sarah connaissait les défauts de Marc depuis longtemps : ses colères imprévisibles, ses critiques incessantes, son indifférence lorsqu’elle avait besoin de soutien. Mais chaque fois qu’elle envisageait de mettre fin à leur relation, une petite voix dans sa tête lui murmurait : « Et si tu ne trouves personne d’autre ? Et si tu te retrouves seule pour toujours ? » Cette peur la clouait sur place, la forçant à tolérer des comportements qu’elle savait injustes. Un jour, Marc oublia leur anniversaire de rencontre. Sarah essaya de lui en parler, mais il balaya ses sentiments d’un revers de main : « Ce n’est pas grave, arrête d’en faire tout un drame. » Elle sentit les larmes monter, mais elle ne dit rien. Après tout, Marc était encore là, et cela suffisait presque à la rassurer. Sarah savait qu’elle méritait mieux, mais elle ne pouvait pas se résoudre à rompre ces chaînes invisibles qui la liaient à lui. Pour elle, même une relation toxique valait mieux que l’isolement.